Rencontres du 3ème tour …

La presse, toujours en quête de sensation afin de vendre plus de papier (pas très écologique ma foi), nous a abreuvé, cette fin de semaine, de « Attention au 3ème  tour des municipales », « 3ème tour pas gagné d’avance », etc …

Bien beau cet intox, mais avec le mode du scrutin actuel (prime majoritaire à la liste arrivée en tête) l’élection du maire est acquise dans près de 99% des communes. On ne peut pas jouer « Nicolas entube Charles » à chaque fois dans chaque commune.

Par contre si nos chroniqueurs préférés voulaient d’une part nous maintenir en haleine et d’autres part faire de la vrai information éducative et perspicace ils pourraient se pencher sur l’élection des exécutifs dans les communautés de communes et d’agglomérations.

En effet, le changement de mode d’élection, la non existence d’un système assurant une majorité  (à l’inverse des autres suffrages de listes) et la politisation induite par le nouveau mode de scrutin et logique vue la part importante de compétences que, maintenant, possède ces communautés ; tout ceci devrait mener à un exercice de désignation des exécutifs plus qu’intéressant.

Regardons les hypothèses qui s’ouvrent à cette veille de 3ème, 4ème ou nème tour : premièrement, une majorité et une minorité clairement définies telles que nous les connaissons dans d’autres collectivités ; deuxièmement une cogestion forcée par la non existence de majorité claire, due au non alignement de certaines listes dans des petites communes ou due à une égalité parfaite ; et enfin, une cogestion choisie entre la droite et la gauche. Une fois encore la décision est politique et ses conséquences aussi.

Pour ce qui concerne le premier cas, il est logique, il marque l’esprit de nos institutions et permet un « jeu politique » normal avec la création de groupes d’élus, l’action des partis et de leurs militants sur le terrain et dans les communes de la communauté.

Pour ce qui concerne le deuxième, il ne peut-être que transitoire ; soit, après que certains conseillers communautaires « sans étiquettes » aient fait leurs comming-out, la situation rejoindra ma première hypothèse ; soit la cogestion forcée deviendra choisi par simplicité, calcul et/ou intérêt partagé.

Le troisième postulat est, sans doute, le plus intéressant à analyser mais aussi le plus invraisemblable pour les militants engagés comme moi. Cette posture serait mortifère pour l’avenir du militantisme sur ces territoires : en effet comment s’opposer au maire dans telle ou telle commune alors que nos édiles gèrent avec lui dans la communauté ? Comment mettre des élus « sans étiquettes » devant leurs contradictions si l’exécutif communautaire auquel ils appartiennent, rassemble aussi la Gauche ? Comment mobiliser les militants du territoire dans la préparation d’un programme intercommunal marqué politiquement quant à longueur de temps les élus nous diront que l’on ne fait pas de politique dans la communauté de communes ? En un mot comment (re)faire de la politique sur un territoire alors que la collectivité niera son existence ?

Mais bon, encore une fois je joue les Cassandre, car je n’ose imaginer qu’une telle décision soit prise ?

Jamais les militants d’un territoire ne décideraient de couper ainsi la branche sur laquelle ils sont assis et donc de se priver des moyens de faire correctement, concrètement et librement leur travail d’adhérent d’un parti politique !

Jamais une telle décision ne saurait être prise sans l’aval de tous les militants, surtout pas, pour le parti socialiste, après la BAFFE mémorable qu’il vient de se prendre – baffe en partie due à ce mode fonctionnement autocratique – . Les élus survivants ne feraient pas cette erreur irrespectueuse.

Jamais, si la faute était toutefois commise, des élus socialistes ne prendraient une telle posture niant leurs engagements et leurs convictions. D’ailleurs quel en serait le mobile : conserver une bribe de pouvoir, continuer à toucher quelques indemnités, satisfaire leur ego via une ligne ajoutée à leur carte de visite ? Non les élus socialistes sont au-dessus de cela…

Je suis d’autant plus convaincu de jouer les oiseaux de mauvais augure que, ne nous voilons pas la face, lors du mandat qui débute, les communautés de communes et d’agglomérations deviendront les lieux des décisions politiques qui changeront localement la vie de nos concitoyens. Que donc nous ne pouvons passer à côté de la politisation généralisée de ces espaces décisionnels. Profitons donc, même là où nous sommes aujourd’hui minoritaire, de ce qu’il reste tout, ou presque, à construire, pour faire preuve d’envie, d’imagination, de grandeur de vue et surtout d’ouverture.

Mais bon ce ne sont là que les digressions d’un procrastinateur !

Quand le MEDEF singe M JOURDAIN

L’un faisait de la prose sans le savoir, d’autres font de la politique sans en avoir l’air. Je m’explique :

Depuis une certains temps je suis remonté en ce qui concerne l’utilisation correct des mots. Et notamment de l’emploi abusif de « charge » ou « retenue » en lieu et place de « cotisation sociale ». Mais, ce Week-end, une goutte a fait déborder le vase de mon exaspération.

En effet, suite à son départ en retraite, ma mère a souhaité que je vérifie son « solde de tout compte » sur sa dernière feuille de paie. Et là, stupeur, cette dernière ressemble plus à un pamphlet, digne des plus grands communicants, contre l’état « confiscateur » qu’à un relevé de salaire. En fait, son employeur (un célèbre manufacturier de pneumatique auvergnat) fait apparaître dans la case « traitement » un chiffre plus que confortable puis donne le montant des cotisations patronales et salariales taxé du vocable «charge » pour enfin afficher le salaire net (moins de la moitié du premier chiffre).

Comment, dans ces conditions et avec aucune explication, ne pas comprendre que l’employé lambda fustige un état qui lui grève plus de la moitié de son salaire ? Comment, dans ces conditions et avec aucune explication,  ce dit employé ne pourrait-il pas comprendre son pauvre patron qui comme lui croule sous les « charges » d’un état de plus en plus glouton et dispendieux ?  Bravo aux communicants du MEDEF, car après une rapide enquête, je me suis rendu compte que, pour caricatural qu’il soit, l’exemple de ma mère, n’était pas unique au contraire. J’en suis même arrivé à me demander si cela n’est pas le fait d’une stratégie coordonnée.

Quoi qu’il en soit, nous devrions, au nom du respect de la langue française et du devoir d’éducation des masses qui incombe à l’état, réagir à cette flagrante faute de vocabulaire. Ne serait-il donc pas possible qu’un décret puisse imposer le bon usage des mots dans les fiches de paie de tous les français ? Ainsi, l’emploi des vocables « charge », « retenue » et autres serait prohibé et remplacé par « cotisation sociale ». Voir si nous souhaitions allier vocabulaire à économie dans cette petite leçon de chose, nous pourrions imposer l’expression « salaire différé » en incluant une petite note explicative ayant pour but d’expliquer l’esprit de « l’état  providence » en ce que les cotisations sociales sont une mutualisation des risques en vue d’une redistribution selon les besoins et les situations. En effet, je reste convaincu de la justesse d’analyse de Pierre ROSANVALLON quand il nous explique qu’une des raisons du désamour des français envers ses représentants vient de la non compréhension (et donc non acceptation) des mécanismes de « l’état providence ».

 Enfin, il serait cocasse que cette leçon de Social-démocratie soit faite à la charge du patronat et envoyer par leurs soins tous les mois à près de 40 millions de nos concitoyens…