On tend la joue gauche ou bien …

Il y a des lendemains d’élection qui son rude, mais là j’ai l’impression d’être Raoul VOLfONI après sa soirée d’anniversaire. Il faut dire que comme lui, à force de titiller l’homme de la mancha, on aurait pu le voir venir. Il faut maintenant réagir, l’opération puzzle n’est sans doute pas la bonne option, même si cela peut-être tentant…
Bon trêve de plaisanteries et de références cinématographiques, passons directement à la nalyse (sans poire ni caouettes) de cette claque mémorable, aux causes qui peuvent en être à l’origine et surtout aux solutions qui pourraient être envisagées pour ne pas avoir à tendre la joue gauche.

Tout d’abord mettons-nous d’accord sur notre sujet d’analyse : les deux derniers dimanches nous avons assisté à un désaveu cinglant du Parti socialiste, à la victoire stratégique du Front National et à un dommage collatéral bien triste : le retour en grâce de l’UMP.

  • Désaveu du Parti Socialiste et non de toute la gauche car même si toute la majorité est touchée par cette défaite cuisante, il est à remarquer que là où le PS n’est pas ou peu non pas présent mais surtout visible, les forces de gauche s’en sortent plutôt pas mal (localement : Thiers, Aubiére) ou lorsqu’il existait une alternative crédible et construite, dans la majorité, au PS, elle passe devant (Grenoble)
  • Victoire stratégique et, par conséquent, électorale du Front National : ce dernier a gagné son pari de l’implantation locale avec un score jamais atteint et la victoire dans plusieurs villes. Mais il a aussi gagné le pari stratégique de faire voler en éclats le front républicain et même dans certains cas à le faire se retourner contre les forces républicaines : la doctrine coppéienne du NI-NI et donc du maintien est maintenant la doctrine officielle de l’UMP et les triangulaires en découlant permettent la victoire du FN dans de nombreuses communes – remarquons que la Gauche et le PS n’ont pas réussie eux-mêmes à imposer le front républicain partout entraînant aussi des victoires FN (7ème de Marseille, Béziers). Pire encore, nous avons failli assister, en avant-première, à la prochaine étape de cette stratégie (prévue pour les régionales) à savoir l’élection (et donc la cogestion) de liste droite-FN dans deux villes (chapeau bas aux citoyens de L’Hopital et Villeneuve-saint-Georges). Ces éléments me font donc dire que le FN est le grand vainqueur de cette séquence politique.
  • Le PS étant à la déroute, Le FN n’étant que le vainqueur stratégique, il fallait une victoire numérique et elle incombe par défaut à la droite. Ne  nous y trompons pas, les interventions de ses leaders appelant à refuser le triomphalisme ne sont pas des preuves d’une humilité retrouvée (si toutefois ils l’ont eu avant) mais bien la confirmation d’une victoire par défaut.

Je n’analyserai ici que la débâcle du Parti Socialiste ; premièrement car c’est le sujet que je maîtrise le mieux et qui m’intéresse au premier chef mais aussi et surtout car de l’étude de ce point découle, et vous le verrez au cours de la discussion, l’étude des deux autres points.

Cernons d’abord les causes de cette défaite afin de plus facilement en tirer des conclusions voir des enseignements. Elles sont, comme souvent avec des événements de cette ampleur, multiples et aucune ne peut se suffire à elle-même.

Il y a bien sur la politique nationale avec ses piètres résultats et son manque d’adhésion de la part de la majorité des français et surtout du peuple de gauche. Mais là où certains pensaient que les implantations locales fortes, les bilans municipaux bons, allaient nous sauver nous remarquons que ce n’est pas le cas ; il y a  donc des causes surnuméraires au seul désaveu national.

En y regardant de plus près il est à noter la corrélation d’une mise en avant trop exclusive d’un bilan ayant pour seul horizon la continuation des actions et méthodes antérieures avec la défaite d’un PS implanté et plutôt bon gestionnaire communal. On peut aussi ajouter comme facteur aggravant, et ce fut souvent le cas dans ces municipalités, une campagne atone et « superficielle » corollaire de la suffisance idéologique affichée par les équipes sortantes. La nature ayant horreur du vide, on notera aussi que c’est dans ces communes que la droite a le plus réfléchi, proposé, mobilisé, milité.
A contrario, dans les cités où – ceci étant valable pour d’autres composantes de la majorité que le PS –une large réflexion en amont a conduit à la production d’un programme réaliste et répondant aux attentes et/ou une campagne de proximité et volontariste ont été mise en place, alors la gauche s’en sort mieux.

Enfin, la forte abstention, les votes extrêmes hauts, ne peuvent que démontrer un accroissement – encore – du désamour du politique et de son représentant local : le maire.

Des explications de ces causes  viendront les enseignements et donc les solutions, il faut donc être prudent face aux jugements à l’emporte-pièces,  aux conclusions empruntes de langues de bois ou aux explications toutes faites.

Pour ce qui est des causes nationales, d’aucun auront la mégalomanie d’expliquer que de bonnes réformes n’ont pas été comprises car soit mal communiquer soit mal appréhender par des électeurs (sans doutes trop obtus) ; d’autres vous diront que tout le logiciel de pensée social-démocrate à jeter avec l’eau du bain et le bébé. Localement, on sera tenté de reprendre l’argument de la mauvaise compréhension, mais aussi du manque de militantisme du Parti Socialiste n’étant plus un parti de masse ou encore de la non remise en question des équipes sortantes au niveau programmatique mais aussi humain.

Je me garderai bien de vous infliger ma vérité tout d’abord parce que j’ai appris que nul n’en été détenteur, mais surtout car, comme souvent dans ce genre de situation, tout le monde a raison et tout le monde a tort : en un mot une pincée – plus ou moins grosse selon les recettes locales – de chacun de ces ingrédients a conduit à la confection de cette sacrée soupe à la grimace. Par contre, je pense que la source de ces éléments est identifiable et curable.

Elle tient au mode de fonctionnement, et aux transformations qui en découlent, du Parti Socialiste ces 15 dernières années. En effet, durant cette période, étouffé par les raisons d’états ou les intérêts soi-disant supérieurs, bâillonné par les loyautés mal placées ou les ambitions personnelles, englué dans les stratégies de couloirs ou les coups d’éclats d’opérette, allant de congrès à motion unique en désignation de candidats calqué sur la nouvelle star, le PS est devenu atone, inaudible pour nos concitoyens car nous avons oublié sa fonction première : L’enrichissement collectif par le débat.

Une fois n’est pas coutume, je vais me servir, pour étayer ma démonstration, des paroles d’un ancien camarade avec qui nous partageons un prénom et plus encore :
« Pour moi l’intérêt majeur d’un parti, c’est le débat, la réflexion collective (certes organisée) la prise en compte des réflexions et des propositions. » or ce n’est plus le cas. « Plus de réflexion collective sur qui nous sommes, ce que nous voulons. C’est quoi être socialiste, ou social démocrate aujourd’hui ? C’est quoi un adhérent pour le PS ?
Où sont les relais d’opinion ? Le changement par le haut c’est souvent une catastrophe. Nous avons une longue liste d’échec et pourtant chaque nouveau Président, Ministre, y va de sa réforme … avec quels effets ? Une réforme gagnante est une réforme comprise par les citoyens. Donc avant la réforme il faut le débat d’appropriation et de clarification.
Nous les adhérents nous devons servir à cela, écouter nos concitoyens, débattre avec eux, dire vers le haut l’état de pensée de nos concitoyens.
Un seul, ou presque, qui sait tout, qui décide de tout. Après on s’étonne que l’opinion des gens soit négative par rapport aux décisions gouvernementales.
C’est triste de faire ce constat. » Mais comme «  Toute organisation humaine a une durée de vie légitime limitée. » Pour la survie même du PS « seule la rénovation de son utilité, de son projet permet de le maintenir en « pertinence » … » en vie quoi.

Donc, pour éviter de nouvelles claques et travailler à long terme à notre redressement, le Parti Socialiste doit redevenir ce parti de l’émancipation par le débat.

A tous les niveaux il nous faut de nouveau informer, former, écouter nos adhérents qui se doivent d’être nos relais d’opinions – dans un sens et dans l’autre –. Ils pourront ainsi s’approprier le logiciel, qui n’est ni cassé, ni obsolète, pour enfin l’utilisé massivement. Il en découlera des productions souvent originales, parfois pertinentes mais toujours en phase avec la population. Ces dernières seront ainsi pleinement comprise et partagé par nos militants qui n’auront ni difficultés ni états d’âmes à aller régulièrement les portées devant nos concitoyens.

Il n’y a qu’ainsi, en étant des militants au cœur de la cité à son écoute que nos montrerons que nous sommes le peuple, que nous sommes parmi les gens qui souffrent et que nous sommes porteur de tout ou parti de la solution. Cette démonstration sera le premier pas pour regagner la confiance des masses et donc pour faire reculer le FN. De notre constance dans cette démarche et dans la remise en question permanente qui en découle, dépendra la continuation de notre avancé sur ce chemin.

En fait, s’il y a une solution elle est dans le lien, le lien entre les gouvernants – quel que soit le niveau – et le PS ; le lien entre le PS et ses militants et le lien entre les militants socialistes et leurs concitoyens. La nature de ces liens est simple : information/explication/écoute mutuelle/respect en deux mots le débat constructif.

Mais bon ce ne sont là que les digressions d’un procrastinateur !

Interco mon amour…

Trois semaines des élections et tout le monde se découvre la fibre intercommunale, chacun se félicite de l’avancée démocratique que fut la dernière loi permettant l’élection directe des conseillers intercommunaux. Mais dans les faits, l’intercommunalité se retrouve, une fois de plus la grande oubliée de ces élections.

Ne nous voilons pas la face, les grandes décisions structurantes pour nos territoires seront prise dans les communautés de communes. Ces dernières seront de plus en plus les récipiendaires des dotations d’états et de transferts de compétences des communes, et par là même auront le véritable pouvoir de faire bouger les lignes. Mais comme toujours, les élus se considérant comme spécialistes et oints de la science infuse en matière d’intercommunalité (car cela est technique et compliqué donc les pauvres administrés ne peuvent comprendre) se sont accaparés les décisions : ici en ne politisant pas, là en écrivant un projet de territoire à quelques mois des élections, tuant ainsi toute velléité de débat démocratique et programmatique, et ailleurs en dénigrant l’importance de ce nouvel échelon administratif niant par la même la vérité et le sens de l’histoire.

Brisons un peu les tabous et rétablissons quelques vérités :

–          Non les élus ne sont pas les seuls à avoir la fibre intercommunale ; en effet, le citoyen lambda  sait, par sa quotidienneté, la réalité du bassin de vie auquel il appartient. Si je ne prends que l’exemple que je connais le mieux : le mien ; j’habite à Saint-Bonnet prés Riom, je travaille à Clermont-Ferrand, je fais mes courses à Enval ou Ménétrol, je vais chez le coiffeur au Cheix, ma fille joue au basket à Riom, mon fils fais du judo à Mozac, mon garagiste est à Malauzat ; en une semaine je fais pratiquement le tour de la moitié de la communauté (sans parlé des visites chez mes amis et parents…). Donc les habitants, par la force des choses, vivent la communauté et sont à même de la réfléchir aussi bien sinon mieux que des élus qui, car souvent malheureusement vieillissant, la conceptualisent plus qu’ils ne la pratiquent.

–          Non la loi électorale votée récemment n’est pas une avancée démocratique, mais plutôt une reculée voire un déni de démocratie. Pour moi une avancée c’est une amélioration de la situation passée intégrant une prise en compte des évolutions futures. L’électeur a-t-il réellement plus le choix qu’avant : Non le choix revient toujours aux colistiers lors de la composition des listes et l’électeur n’a même pas le choix de voter pour une liste à la commune et une liste à l’interco car les deux sont sur le même bulletin. Donc les colistiers (futurs élus communaux) ont toujours le même pouvoir : Faux, les règles abracadabrantesques de positionnement des candidats communaux sur la liste communautaire ôte une grande marge de manœuvre  dans le choix de qui sera à l’intercommunalité voir toute marge de manœuvre pour les communes de moins de 1000 habitants.

Les candidats doivent figurer dans le même ordre que celui de la liste de candidats aux élections municipales. Les candidats présentés dans le premier quart de la liste intercommunale doivent figurer, de la même manière et dans le même ordre, en tête de liste municipale. Tous les candidats de la liste intercommunale doivent figurer au sein des trois premiers cinquièmes de la liste municipale. Dans les communes de moins de 1 000 habitants, les citoyens éliront leurs conseillers municipaux et leurs conseillers communautaires à l’aide d’un bulletin de vote ne mentionnant que la liste des candidats aux élections municipales. Les conseillers communautaires seront désignés parmi les membres du nouveau conseil municipal élu, suivant l’ordre du tableau (maire, adjoints puis conseillers municipaux)

Pire encore, alors que l’Histoire avance enfin vers une limitation du cumul des mandats, cette loi fait quasi-obligation au maire de cumuler avec le mandat de conseiller communautaire sauf a, absurdité quand tu nous tiens, ce que son premier acte politique en tant que nouvel édile soit de démissionner de son mandat communautaire. (d’ailleurs une publication de cette statistique après les élections serait intéressante). N’aurait-il pas été plus simple d’acter le fait que les communautés sont des collectivités à part entière et d’organiser des élections dissociées (mais ayant lieu le même jour) pour la commune et l’intercommunalité où aucun lien, autre que politique, programmatique,  n’aurait été nécessaire entre les deux listes. D’aucun me répondront qu’il faut être élu communal pour représenter sa commune dans une intercommunalité ; à ceux-ci je conseillerais la lecture de nos lois qui permettent à un non- élu (voire non résident de la commune) de représenter cette dernière dans un syndicat intercommunal.

–          Oui les enjeux intercommunaux nécessitent une politisation du débat ! Je suis le premier à me battre pour expliquer que, même dans de toute petite commune, il y a un certains nombres, pas la majorité certes, de décisions qui sont politiques : pour exemple, la fixation du COS (Coefficient d’occupation des sols) ou des règles d’emprise au sol dans les documents d’urbanisme ont un réel impact sur la capacité à construire des citoyens les moins aisés (plus le COS est faible plus il faut de terrain pour construire une habitation décente en superficie et donc plus cela augmente le cout qui peut devenir discriminatoire). Donc, si même dans de toutes petites communes la politique importe que dire de communautés qui gèrent la petite enfance, l’action sociale, la politique de la ville, le logement etc…

Bien-sûr la critique est aisé et le lard fait grossir, mais est-il si compliqué de réunir, un ou deux ans avant les élections,  à l’intérieur d’une communauté de communes, tous les militants et sympathisants de Gauche afin de les faire ensemble réfléchir sur ce qu’est l’intercommunalité, ce qu’elle doit devenir et par quel chemin on y parvient ? Cela aurait eu l’avantage de faire partager la fameuse fibre communautaire, d’impliquer un maximum d’acteur dans la conception et la rédaction d’un programme (et donc d’avoir autant de défenseur acharné de ce dernier) et enfin de pourvoir intéresser des citoyens dans toutes les communes et de faciliter ainsi la constitution de listes partout et surtout en milieu rural et péri-urbain.

Mais comme le dis l’électeur croisé au marché « les politiques on vous voit toujours que six mois avant les élections. » Donc une fois encore on s’est réveillé un peu tard…

Mais bon ce ne sont là que les digressions d’un procrastinateur !