Quand le MEDEF singe M JOURDAIN

L’un faisait de la prose sans le savoir, d’autres font de la politique sans en avoir l’air. Je m’explique :

Depuis une certains temps je suis remonté en ce qui concerne l’utilisation correct des mots. Et notamment de l’emploi abusif de « charge » ou « retenue » en lieu et place de « cotisation sociale ». Mais, ce Week-end, une goutte a fait déborder le vase de mon exaspération.

En effet, suite à son départ en retraite, ma mère a souhaité que je vérifie son « solde de tout compte » sur sa dernière feuille de paie. Et là, stupeur, cette dernière ressemble plus à un pamphlet, digne des plus grands communicants, contre l’état « confiscateur » qu’à un relevé de salaire. En fait, son employeur (un célèbre manufacturier de pneumatique auvergnat) fait apparaître dans la case « traitement » un chiffre plus que confortable puis donne le montant des cotisations patronales et salariales taxé du vocable «charge » pour enfin afficher le salaire net (moins de la moitié du premier chiffre).

Comment, dans ces conditions et avec aucune explication, ne pas comprendre que l’employé lambda fustige un état qui lui grève plus de la moitié de son salaire ? Comment, dans ces conditions et avec aucune explication,  ce dit employé ne pourrait-il pas comprendre son pauvre patron qui comme lui croule sous les « charges » d’un état de plus en plus glouton et dispendieux ?  Bravo aux communicants du MEDEF, car après une rapide enquête, je me suis rendu compte que, pour caricatural qu’il soit, l’exemple de ma mère, n’était pas unique au contraire. J’en suis même arrivé à me demander si cela n’est pas le fait d’une stratégie coordonnée.

Quoi qu’il en soit, nous devrions, au nom du respect de la langue française et du devoir d’éducation des masses qui incombe à l’état, réagir à cette flagrante faute de vocabulaire. Ne serait-il donc pas possible qu’un décret puisse imposer le bon usage des mots dans les fiches de paie de tous les français ? Ainsi, l’emploi des vocables « charge », « retenue » et autres serait prohibé et remplacé par « cotisation sociale ». Voir si nous souhaitions allier vocabulaire à économie dans cette petite leçon de chose, nous pourrions imposer l’expression « salaire différé » en incluant une petite note explicative ayant pour but d’expliquer l’esprit de « l’état  providence » en ce que les cotisations sociales sont une mutualisation des risques en vue d’une redistribution selon les besoins et les situations. En effet, je reste convaincu de la justesse d’analyse de Pierre ROSANVALLON quand il nous explique qu’une des raisons du désamour des français envers ses représentants vient de la non compréhension (et donc non acceptation) des mécanismes de « l’état providence ».

 Enfin, il serait cocasse que cette leçon de Social-démocratie soit faite à la charge du patronat et envoyer par leurs soins tous les mois à près de 40 millions de nos concitoyens…

One thought on “Quand le MEDEF singe M JOURDAIN

  1. je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’une très très grande partie du patronat exploite le mot “charge” et qu’il faudrait employer un autre vocable effectivement imposé par la loi; Ceci pourrait aussi faire partie des contreparties du pacte de responsabilité. Ainsi que les explications que pourraient donner un employeur à son salarié sur le salaire différé.
    Lorsque des entreprises accordent de la participation ou de l’intéressement, souvent elles parlent d’épargne salariale, notamment pour se constituer une retraite complémentaire.
    Un débat s’impose sur ce sujet avec à la clé une loi

    Jean-Claude

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